Les phases du processus suicidaire

Spread the love

2. Les intentions suicidaires.

Le passage de la pensée à l’intention.

Cette deuxième phase représente un tournant décisif dans le processus suicidaire. La personne franchit une barrière psychologique importante en passant de la simple rumination d’idées suicidaires à la formation d’une intention plus concrète et déterminée. Ce n’est plus seulement « j’y pense » mais « j’envisage sérieusement de le faire ». L’intention implique un début d’engagement psychologique vers le passage à l’acte, même si celui-ci n’est pas encore imminent.

La considération sérieuse du suicide comme option réelle.

Le suicide n’est plus une simple idée abstraite ou une fantaisie d’échappement, il devient une option réelle et concrète que la personne considère activement. Elle commence à se projeter mentalement dans le scénario de sa propre mort et à l’envisager comme une action qu’elle pourrait véritablement accomplir. Cette transformation cognitive marque une augmentation significative du danger imminent et du risque de passage à l’acte.

Une réflexion plus approfondie sur le passage à l’acte.

La personne entre dans une phase de réflexion plus élaborée et systématique concernant le suicide. Elle peut passer beaucoup de temps à penser aux différents aspects pratiques de l’acte suicidaire. Cette rumination devient plus obsessionnelle et envahissante, occupant une part croissante de ses pensées quotidiennes.

Elle peut rechercher des informations sur les méthodes de suicide, réfléchir aux conséquences pour son entourage, anticiper mentalement le déroulement de l’acte.

L’évaluation des moyens possibles.

À ce stade, la personne commence à identifier et à évaluer mentalement les différents moyens qu’elle pourrait utiliser pour mettre fin à ses jours. Elle peut passer en revue les méthodes accessibles dans son environnement immédiat : médicaments disponibles dans son armoire à pharmacie, armes potentiellement accessibles, lieux élevés, moyens de pendaison, etc. Cette évaluation reste encore principalement mentale et ne s’accompagne pas nécessairement d’actions concrètes de préparation.

Un début de planification mentale.

La personne commence à élaborer mentalement un plan, même s’il reste encore flou et incomplet. Elle peut imaginer des scénarios : quel jour pourrait convenir, quel moment de la journée, quel endroit serait approprié, quelle méthode serait la plus accessible ou la plus « efficace ». Cette planification mentale constitue un stade intermédiaire entre la simple idéation et la planification concrète qui caractérisera la phase suivante.

L’ambivalence persistante.

Malgré l’intensification des intentions suicidaires, la personne continue généralement à ressentir une ambivalence significative entre son désir de mourir et une partie d’elle-même qui souhaite encore vivre ou qui craint la mort. Cette ambivalence peut se manifester par des oscillations émotionnelles, des moments de doute, des périodes où elle recherche encore des raisons de vivre.

Cette dualité interne est caractéristique du processus suicidaire et représente un point d’ancrage important pour les interventions thérapeutiques.

Le désir de mourir versus le désir de vivre.

Le conflit psychologique interne devient particulièrement intense à ce stade. D’un côté, la personne ressent un désir puissant de mettre fin à sa souffrance par la mort. De l’autre, subsistent des attachements à la vie : des êtres chers, des projets inachevés, des peurs concernant la mort elle-même, des croyances ou valeurs qui s’opposent au suicide.

Cette lutte intérieure peut être épuisante et désespérante, alimentant paradoxalement l’épuisement émotionnel qui nourrit les pensées suicidaires.

La communication des intentions.

A cette phase, la personne peut commencer à communiquer ses intentions suicidaires, soit de manière directe, soit de façon indirecte et détournée. Elle peut exprimer ouvertement qu’elle pense au suicide, tenir des propos comme « je ne vais pas rester longtemps », « bientôt vous serez débarrassés de moi », « je ne vois pas comment je pourrais continuer ». Ces communications directes sont des appels à l’aide explicites qui doivent toujours être pris au sérieux.

Les signaux indirects.

La communication des intentions est plus subtile et codée. La personne peut faire des allusions voilées à la mort, poser des questions sur ce qui se passerait après son décès, exprimer un sentiment d’être un fardeau pour les autres, ou manifester un intérêt soudain pour des questions existentielles ou spirituelles concernant la mort et l’au-delà. Ces signaux indirects sont parfois plus difficiles à détecter mais sont tout aussi importants et révélateurs du risque suicidaire élevé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *