Paroles recueillies auprès de personnes en souffrance
Les pensées suicidaires sont parfois difficiles à aborder puisqu’elles amènent leur lot de questionnements et parfois d’incompréhensions.
EST-CE QU’AVOIR DES PENSEES SUICIDAIRES SIGNIFIE QUE JE PASSERAI OBLIGATOIREMENT A L’ACTE ?
Parfois, les pensées suicidaires peuvent être fugaces et disparaître. Parfois, elles peuvent être plus intenses et persister jusqu’à l’élaboration d’un scénario suicidaire. Quel que soit leur intensité, vous n’avez pas à les affronter seul. Il est préférable d’en parler car il est toujours possible d’apaiser la souffrance qui les induit.
JE SUIS PERDU : JE PENSE SANS CESSE AU SUICIDE ET POURTANT JE VEUX VIVRE
C’est ce que l’on appelle l’ambivalence : une partie de vous souhaite mettre fin à ses souffrances par le suicide et une autre partie veut continuer à vivre. Ce n’est pas par peur de la mort mais plutôt la preuve qu’une personne suicidaire veut cesser de souffrir et non mourir. Vous avez peut-être l’impression que vous n’avez pas les capacités pour vous en sortir, que les autres ne peuvent pas vous aider, que votre état ne changera jamais ou que vous êtes dans une impasse. Il est normal de réagir ainsi lorsqu’on se trouve dans un état de détresse intense. Pour autant, ce n’est pas une fatalité. C’est, entre autres, sur cette perception d’impuissance qu’un professionnel du soin peut agir et vous aider.
SI JE PENSE AU SUICIDE, CELA SIGNIFIE T’IL QUE J’AI UN PROBLEME DE SANTE MENTALE ?
Beaucoup de personnes craignent que de penser au suicide signifie qu’elles ont un problème de santé mentale. Certes, le fait de présenter un trouble de santé mentale (comme la dépression, un trouble bipolaire, une psychose ou un psychotrauma) augmente le risque d’avoir des pensées suicidaires. Près de 70 % des personnes qui décèdent par suicide souffraient d’une dépression, le plus souvent non diagnostiquée ou non traitée. Mais il est possible d’avoir des idées suicidaires sans pour autant présenter un trouble de santé mentale. C’est dire l’importance de dépister et de traiter efficacement ces maladies sévères, trop souvent méconnues ou minimisées et pour laquelle des prises en charge efficaces existent pourtant.
Dans tous les cas, il est préférable de consulter un professionnel du soin qui saura soigner le trouble de santé mentale ou soulager votre souffrance ce qui permettra d’apaiser les idées suicidaires. Pour en savoir plus, consultez le site Psycom.org
LE SUICIDE EST-IL UN CHOIX ?
Vous pensez peut-être au courage, à la lâcheté, au respect de la liberté ? Quand on pense ainsi, on pense en termes de choix. Or, on ne se suicide pas par choix, mais par manque de choix. Notre souffrance est telle qu’elle nous prive de notre liberté de penser : la limite de tolérance face à notre mal-être est atteinte et on ne voit plus d’autres façons d’arrêter de souffrir. Une personne en grande détresse peut donc être incapable d’envisager d’autres options que le suicide et a besoin qu’on l’aide.
QUE SE PASSERA T’IL SI JE DIS A QUELQU’UN QUE J’AI DES IDEES SUICIDAIRES ?
Il peut être effrayant de dire à quelqu’un que l’on a des idées suicidaires car on ne sait pas comment la personne va réagir, si elle va comprendre, nous juger ou avoir peur. Il peut donc être utile de parler à quelqu’un en qui vous avez vraiment confiance, à quelqu’un qui vous a aidé dans le passé ou à un professionnel du soin. Leur parler de vos idées suicidaires, c’est leur donner les moyens d’agir afin de vous aider.
QUE SE PASSERA T’IL SI J’EN PARLE A MON CHEF DE SERVICE ?
Le Programme de Mobilisation contre le Suicide est en plein déploiement à la Préfecture de Police de Paris. En 2021, une centaine de commissaires et de chefs de service ont participés à un premier séminaire sur le thème de la prévention du suicide. En fonction des circonstances, votre chef de service pourra contacter la médecine de prévention, qui pourra vous recevoir dans les plus brefs délais. Il est important de savoir qu’un dispositif adapté a été mis en œuvre par la Préfecture de Police, qui a passé des conventions avec des partenaires parmi les meilleurs dans leur domaine d’activité ( 3 hôpitaux et 1 association à ce jour). Concrètement, par exemple : pour un agent ayant des idées suicidaires , votre patron pourra vous conduire à la médecine de prévention, vous échangerez avec le médecin qui est présent pour vous aider et vous guider vers la meilleure prise en charge disponible. Ce médecin fera un état de la situation avec vous. Dans le cas d’une crise suicidaire, il prendra attache, dans le cadre d’une convention au bénéfice des agents de la PP, avec son homologue spécialisé en suicidologie dans un hôpital spécialisé dans ce domaine à Paris. Sur place, vous serez pris en charge par des spécialistes, dont une psychiatre référente pour les agents de la Préfecture de Police. Un bilan psychiatrique sera établi, les mesures adaptées à votre situation seront prises dans votre intérêt. Une hospitalisation pourra être envisagée, ou bien un traitement ajusté vous sera prescrit ainsi qu’un suivi spécialisé. Dans toutes les situations de crise, une prise en charge multimodale sera mise en œuvre. Au même titre que toutes autres blessures, les blessures psychologiques doivent être prises en compte. Les professionnels de santé disposent de moyens qui peuvent abaisser vos souffrances, vous faire passer le cap de la crise suicidaire, puis vous accompagner dans votre rétablissement. La douleur psychologique est parfois si intense sur une période donnée, que dans le cadre d’une crise suicidaire, vous pouvez être amené à PERDRE PIEDS. Des professionnels sont présents pour vous soutenir, ne négligez pas cette voie qui s’ouvre à vous, alors qu’avec vos yeux, votre douleur, votre épuisement, vous ne voyez qu’une impasse. Ne perdez pas de temps, être fort c’est savoir demander de l’aide. EN CAS D’URGENCE SUICIDAIRE S’ADRESSER IMPÉRATIVEMENT AU SAMU 15
QUE PUIS-JE FAIRE SI J’AI DEMANDE DE L’AIDE AUPRES D’UN PROCHE ET QUE JE NE L’AI PAS REÇUE ?
Tout d’abord, bravo pour avoir demandé de l’aide car cela a pu être difficile. Si vous l’avez fait et que vous n’êtes pas satisfait du soutien reçu, il est important de savoir qu’il existe différents types d’aide. Qu’importe ce qui fonctionne pour vous, l’important c’est d’apaiser la souffrance, de retrouver un équilibre psychique et de sortir de la crise.
QUE PUIS-JE FAIRE SI J’AI DEMANDE DE L’AIDE A UN PROFESSIONNEL ET QUE JE NE L’AI PAS REÇUE ?
Prendre en charge les idées suicidaires demande des compétences spécifiques. Certains professionnels, non formés, peuvent être déroutés et ne pas répondre correctement à vos attentes d’aide. Soyez rassuré car il existe, autour de vous, d’autres professionnels qui ont été formés : le plus simple est d’appeler le 3114, le SSPO, PROS CONSULTE, LA MÉDECINE DE PRÉVENTION, LA SALCA, LES ASSISTANTES SOCIALE, LES UNITÉS DE SOUTIEN, UN COLLÈGUE qui pourront vous orienter.
JE ME SENS MIEUX. EST-CE QUE CETTE AMÉLIORATION SIGNIFIE QUE LE DANGER EST PASSE ?
Il se peut que vous vous sentiez soulagée mais cela ne signifie pas que le danger soit écarté. À la sortie d’une période de crise suicidaire, vous pouvez demeurer encore sensible et vous risquez d’être vulnérable si vous devez affronter à nouveau des événements de vie difficiles. C’est la raison pour laquelle il est important de maintenir un accompagnement sur le long terme. Avec le temps, un nouvel équilibre psychique s’installera permettant de faire face aux facteurs stressants qui précédemment engendraient des périodes de crise.